En seulement six (6) mois, le nombre de migrants morts en mer a presque dépassé le chiffre de l’année 2020. Des chiffres qui donne à réfléchir sur la situation de ces souffre-douleurs de « chantage politique et diplomatique ».
La migration « illégale » constitue l’un des problèmes majeurs auxquels de nombreux États modernes sont confrontés. La recrudescence du phénomène s’explique en grande partie par les effets du changement climatique, les conflits politiques, le terrorisme, le chômage, etc.
2 087 migrants morts en mer en 2021
Ces hommes fuyant des maux cherchent refuge ailleurs, dans des pays où ils ne sont pas dans la plupart des cas les bienvenus. Dans certains pays dits démocratiques, des manifestations violentes de racisme sont légion.
Rares sont également ces migrants qui arrivent à destination en raison des nombreux périls qu’ils rencontrent en cours de route. La traversée du désert et de la Méditerranée est une aventure de combattant qui coûte la vie à beaucoup d’entre eux. « Les logeurs commencent par leur macabre exercice de privation partielle d’eau et de nourriture. Les candidats se devraient de faire plusieurs jours avec une bouteille d’eau en s’alimentant au minimum », lit-on dans l’ouvrage « Boriben : fermez ports et frontières, je viendrai quand même » de Yacouba Issoufi Maïga
« La vie des migrants, c’est devenu un business », a déclaré Helena Maleno, porte-parole de l’ONG Caminando Fronteras, au micro de RFI, le 11 juillet 2021. C’était à l’occasion de la publication d’un rapport de son organisation faisant état du nombre de migrants morts en mer au début de cette année 2021. Au total, 2 087 migrants sont morts en mer, en tentant de rejoindre l’Espagne au cours de cette année, selon ce rapport de Caminando Fronteras. Helena Maleno précise que « Dans les premiers six mois de cette année, on est presque arrivé aux chiffres de l’année passée ».
« Éviter de tomber dans le piège »
Selon les précisions de la porte-parole de l’ONG Caminando Fronteras, cette augmentation du nombre de migrants morts, noués dans la mer, s’explique par des problèmes politiques entre certains États. Ce qui aurait fortement impacté sur la collaboration entre ces États en matière de contrôle migratoire. « Les migrants sont ainsi au milieu de tout ce chantage politique et diplomatique », déplore-t-elle. Où est donc passé l’humanisme ? Qu’ont fait tous ces hommes et femmes, à la recherche d’un mieux-être, pour mériter ces drames ?
Cette problématique autour de la migration renvoie à cette conception de l’intellectuel français Edgar Morin : « la complexité du monde ». Les valeurs d’humanisme sont prônées d’une part ; d’autre part, les frontières sont fermées pour laisser des centaines de gens mourir dans la quasi-indifférence. Cette situation laisse comprendre l’installation d’une véritable déshumanisation dans le monde et une « l’irresponsabilité » de la part de nombreux États.
Les autorités politiques des États de provenance doivent travailler à réunir les conditions susceptibles de maintenir ces jeunes, femmes et enfants dans leur pays d’origine pour qu’ils participent à leur émergence. Yacouba Issoufi Maiga invite d’ailleurs les gouvernants des pays africains de départ à « éviter de tomber dans le piège mortifère de la facile indexation de l’occident comme seul responsable et coupable idéal des malheurs qui frappent leur pays à travers la problématique douloureuse des migrants illégaux ».
Fousseni Togola
Cet article a été initialement publié sur le site de Maliweb. Il a été repris et relu par Sahel Tribune.
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